L'ÉDITO
AFRIQUE PARTOUT.
En 2024, Africolor fête ses 35 ans et si le monde de 1989 a disparu, il faut encore et toujours marteler les esprits et les balafons, pincer les rêves et les cordes, frotter les cordes et les mains, pour rappeler aux âmes congelées dans la peur, que l’Afrique est partout et que c’est une bonne nouvelle. La part d’africanités de chacun, nous l’accueillons joyeusement cette année avec la présence des créolités caribéennes : Les frères Cippe, grande famille de tambouyés de Guyane, rencontrent François Ladrezeau (Akiyo) et Samy Thiébault, tandis que Maxime Delpierre, fou de zouk, présente Mini-Jazz-Ouragan cependant que L’Afrique en-chante Kassav’ revisite le répertoire mythique avec des instruments africains. L’Afrique est aussi au Nord, quand s’élève la spiritualité rock tunisienne de Nidhal Yahyaoui (Tunisie), quand les chants de transe de Lemma (Algérie) se mêlent au piano-marteau cubain d’Omar Sosa ou quand Mazalda invite la chorale Berbère de Bagnolet. Aussi disséminée dans l’Océan Indien, elle imprègne la création de Siti Amina (Zanzibar) et Siân Pottok ou encore les mélodies suaves de la révélation Marco Klarck. Mais avant tout, l’Afrique est ici chez elle comme quand Senny Camara rencontre Sequenza 9.3 ou quand la Litanie des Cimes invite Mah Damba. Toutes les Afriques d’Africolor dessinent de nouveaux « nouveaux mondes », où les ailleurs sont ici, les géographies façonnées selon de nouveaux plis, où les points cardinaux se rejoignent en un centre créatif, éruptif, radicalement joyeux et décidé à imprimer ici l’Afrique partout.
Sébastien Lagrave